Le Réseau des Femmes du Fleuve Mano pour la Paix (REFMAP) a été créé le 8 juin 2001 à Monrovia. Porté par un ensemble d’organisations féminines originaires du Libéria, de la Sierra Léone et de la Guinée (Conakry), cette initiative fait suite à une rencontre organisée sous l’égide de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En effet, en mai 2000, a été organisée par l’ONG Femmes Africa Solidarité (FAS) et le Comité des Femmes Africaines pour la Paix et le Développement (CFAPD), avec l’appui de l’Organisation de l’Union Africaine, de la Commission Economique pour l’Afrique, du Programme des Nations Unies pour le Développement et du Gouvernement Nigérian, une réunion ayant pour thème : » Favoriser la participation des femmes dans le processus de paix en Afrique de l’Ouest notamment dans le bassin du Fleuve Mano « . La réunion avait pour but d’établir un programme sous-régional qui viendrait compléter les activités conduites sur le plan national ; ceci, afin de consolider la paix, prévenir les conflits futurs et restaurer la confiance nécessaire à l’établissement d’une paix durable dans la sous-région. Cette réunion marquait ainsi la volonté des femmes de promouvoir leur participation effective dans les processus de prévention, de gestion et de restauration de la paix en Afrique. Une revendication rendue légitime par le fait qu’étant les principales victimes des conflits avec leurs enfants, elles devraient être concrètement et directement impliquées dans les prises de décisions concernant ces conflits.
Le contexte politique qui mène à la création de ce réseau éclaire davantage sur son agenda. L’espace géographique couvert par l’ONG multinationale intègre à sa création les trois pays qui constituent un ensemble diplomatique connu en Afrique de l’Ouest sous le nom de l’Union du Fleuve Mano (UFM) ou Mano River Union (MRU) en anglais. Cette union – plus ancienne que la CEDEAO (créée en 1975) – a été mise en place en 1973 par deux pays : la Sierra Leone et le Libéria. Son objectif premier est de faciliter le commerce transfrontalier entre ces deux pays. En octobre 1980 la République de Guinée a rejoint l’Union. En mai 2008, elle s’est élargie à la Côte d’Ivoire, frontalière au Libéria et à la Guinée. L’Union couvre désormais une superficie de 750 000 km2 et compte environ 55 millions d’habitants. Elle comprend le bassin le plus riche en ressources naturelles (couvert forestier ; ressources minières ; réseau hydrographique) de l’espace CEDEAO.
Le basculement du Libéria et de la Sierra Leone dans des guerres civiles dans la décennie 90 et au début des années 2000 a contraint l’Union à mettre de côté ses objectifs premiers de développement et de coopération économique. La question de la paix et de la stabilité politique de cette région dont l’embrasement constituait un risque pour toute l’Afrique de l’Ouest deviendra la préoccupation prioritaire de la CEDEAO et l’Union Africaine (UA). La mobilisation des organisations féminines de la société civile appartenant à l’UFM s’est ainsi inscrite dans le cadre de la mutualisation des efforts politiques pour mettre fin à la violence endémique dans la région
République de Guinée